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Dimanche 4 septembre à Contrières (50)

carte des environs de Contrières

départ de Quettreville En ce 4 septembre, quelle est donc cette animation inhabituelle qui règne devant la place de la mairie de Quettreville-sur-Sienne, bourg de la Manche habituellement bien calme un dimanche matin. Approchons-nous des petits groupes qui se sont formés autour d’une énorme cafetière et de morceaux de brioches, de quoi entendons-nous parler : bief, roue, turbine, il s’agit bien de la sortie d’automne des Amis des Moulins de Basse-Normandie concoctée par nos amis Isabelle et Cyril Lavalley, résidant tout près d’ici. Après un regroupement des véhicules et un léger cafouillage (je dis léger !) nous nous dirigeons vers le Pont de la Roque, là où commence l’estuaire de la Sienne qui rejoint la mer à Régnéville où se situait autrefois un port très actif, nous pouvons apercevoir au passage les ruines de l’ancien pont en pierre. Passé le pont, nous nous jetons dans un petit chemin qui nous conduira au lieu-dit "les moulins", où nous attend Monsieur Yves Coulomb de l’Association AIE (Archéologie industrielle et environnement) qui nous racontera l’histoire du canal de la Soulle (ou canal de Coutances) bien peu connu, même des Manchois ou des Coutançais, ce canal long de 5 462 mètres reliait Coutances à la jonction avec la Sienne au Pont de la Roque. Les travaux démarrés en 1834 furent achevés en 1840.

La Soulle, 6e cours d’eau du département, présente une pente rachetée par 4 écluses, à chaque écluse était adjoint un moulin en dérivation (ou peut-être le contraire) soit environ 20 mètres de pente de bout en bout. Le Moulin Laroque – les Moulins La Sauvagère et Gruel (gruau) sont à l’état de ruines, et, des écluses, il ne reste que les parements, les sas de ces écluses avaient 23,50 mètres de longueur et 4,20 de largeur, la profondeur minimum du canal était de 1,10 mètres, le tirant d’air de 3 mètres aux hautes eaux et le chemin de halage qui appartenait à l’Etat, 3 mètres de large. Ce travail très important permettait la remontée des gabares de 16 à 20 tonneaux (18 x 3,50) jusqu’au Port de Coutances, la traction se faisait par des hommes ou par des chevaux, les bombardements de 1944 ont rayé définitivement le port de la carte.

le canal de Coutances En remontant, au transport de la tangue de Régnéville (engrais très apprécié) se joignaient des transport de grains, de bois et de charbon en provenance de Grande-Bretagne. A la descente, les produits locaux étaient conduits au Port de Régnéville. En 1870, le trafic sur le canal s’élevait à 5 400 tonnes par an, avec le progrès des communications, le trafic diminuant, le concessionnaire proposa l’abandon gratuit du canal à l’Etat à la fin du XIXe siècle, le canal fut déclassé en 1894. Ce canal est l’œuvre de Alfred Mosselman (1810-1867) qui fit dans la Manche une carrière de grand homme d’affaires. Il arrive en 1822 pour diriger l’usine de Valcanville, il s’attache ensuite à développer la navigation fluviale du Cotentin, il obtient la concession du canal de Vire et Taute inauguré en 1839 et du canal de la Soulle de Coutances à Régnéville-sur-Mer, terminé en 1840. Pour accélérer les communications, il établit le service de deux bateaux-poste de Saint-Lô à Carentan en trois heures. Ses projets étaient audacieux : la canalisation de l’Ouve depuis Saint-Sauveur-le-Vicomte et de la Vire jusqu’à Pont-Farcy, l’établissement d’un chemin de fer à chevaux entre Carentan et Saint-Lô, la jonction de Pont-Farcy à Mayenne, ce qui aurait mis la Manche en communication directe avec la Loire. D’autre part, Mosselman créa aussi un vaste courant commercial avec l’Angleterre, entre Carentan et Southampton, il embarquait : œufs – viandes – volailles et autres denrées normandes et importait du bois du Nord, des cotons de l’Inde et de la houille.

L’essor qu’il procura à la ville de Carentan lui valut la reconnaissance de la ville qui donna à une rue du port le nom de Mosselman. Mosselman dirigea l’exploitation des carrières de pierre à chaux de Meaufle et de Cavigny. Novateur hardi, il voulut aussi promouvoir la mécanisation de l’agriculture et fit à Carentan des démonstrations de labourage à vapeur. Pour l’irrigation des terres, il implanta à Saint-Fromond une usine de tuyaux de drainage. Sur la Vire, il aménage une pisciculture et rouvre la mine de mercure de la Chapelle-Enjuger ; il fut à l’origine de la Compagnie des Polders de l’Ouest. Mais Mosselman dût lutter toute sa vie contre le mauvais vouloir hostile aux innovations, s’il avait été suivi il eut pu susciter l’industrialisation dans le département et accroître les relations commerciales avec les régions voisines de la Normandie et avec l’étranger (d’après l’étude de R. VILLAND).

le moulin de la Sauvagère Remercions Monsieur Coulomb pour ses explications très détaillées et bravo à l’Association AIE pour ses efforts de sauvegarde du patrimoine tout à fait en droite ligne de nos propres efforts. C’est cela l’archéologie industrielle ! Après une longue marche le long du canal pour nous rendre sur les lieux du moulin de la Sauvagère, nous rejoignons nos véhicules pour nous rendre chez nos amis Isabelle et Cyril à quelques lieues de là au Moulin "à huile" de Contrières où nous attendent force bouteilles de cidre bienvenues après cette longue marche et le temps qui devient orageux.

Nous nous installons au gré des amitiés dans ce vaste espace que nos hôtes ont mis à notre disposition, et les provisions sortent des paniers pour participer à la fête des estomacs. Mais il nous faut bientôt reprendre notre programme, notre hôte se propose de nous parler de son Moulin dit à huile, mais en fait moulin à grains. Bien tassés dans ce petit bâtiment la première chose qui frappe est la maçonnerie circulaire de la fosse qui va contenir tout le mécanisme à la sortie de la roue. Le couple traditionnel rouet/lanterne entraîne un gros axe qui se situe au centre de cette couronne en pierre. Cet axe porte vers le haut un hérisson qui lui-même peut entraîner 2 ou 3 gros fers et leurs meules, ici nous trouvons deux paires de meules, les gros fers reposent sur la maçonnerie par un dispositif de réglage de l’entre meules. Ce système peu courant dans nos régions se rencontre plus fréquemment au Sud de la Loire ; au-dessus du mécanisme une poutre porte la date de 1854 - ce qui semble être la date de montage de ce nouvel appareillage en fonte, mais on suppose que le moulin qui appartenait au château de Monceau jusqu’à une date récente est beaucoup plus ancien. En regard de ce bâtiment un autre plus petit en bord du bief aurait pu contenir le moulin à huile, d’où le nom donné au lieu. La roue probablement alimentée par-dessous n’existe plus.

Après un rapide coup d’œil à la prise d’eau sur la rivière la Vanne presque arrivée à son confluent avec la Sienne, Cyril nous propose de nous rendre au Moulin de Sey implanté sur la "Sienne". Que dire : joli site où se trouve un moulin à demi restauré, racheté par la Communauté de Communes de l’endroit avec l’idée de le restaurer, ce projet a fait long feu et actuellement seuls des débuts de reconstruction des murs apparaissent. Actuellement nul ne sait ce que deviendra ce site, dommage !!!?

le moulin de Camille Marie Nous reprenons la route pour rendre visite à Monsieur Camille Marie en son moulin sur la Vanne en amont de Contrières. Bâtiment sans grande particularité, un peu minoterie, tout l’intérêt se trouve sur le côté où aboutit un bief alimentant une roue assez imposante en fer, d’au moins 4 mètres de diamètre sur 1 mètre de large, cette roue dite de poitrine reçoit l’eau un peu en dessous de son axe car la chute d’eau n’est pas très importante, mais la magie commence lorsque Monsieur Massé supplié par bon nombre d’entre nous ouvre la vanne, l’eau se précipite dans les augets qui ont l’air de la refuser, puis lentement la roue se met à tourner pour atteindre ses quelques tours minute assez rapidement, pour absorber toute l’énergie que la rivière lui offre alors elle se trouve irisée de mille gouttelettes, ...dommage qu’elle ne soit en bois ! pour utiliser cette énergie Monsieur Massé a installé une microcentrale pour son usage personnel, d’après lui il tire environ 10 kW de son alternateur, l’installation paraît ancienne et rustique par son système de multiplication de la vitesse et par sa régulation par absorption de l’excédent d’électricité.

Après une dernière visite au "Moulin à huile", les participants de cette belle journée se retirent peu à peu. A quand la prochaine, Monsieur le Président ???

Pierre GAUTHIER


le "canal de la Soulle" à Orval

le canal et le moulin Laroque

le canal photo du groupe emplacement de la roue le moulin le moulin environs du moulin photo du groupe le groupe devant le moulin

le moulin de la Sauvagère

la roue le moulin le moulin

moulin "à huile" à Contrières

le repas le repas le repas le repas

moulin de Sey à Quettreville-sur-Sienne

ancienne photo le moulin le moulin le moulin le moulin

moulin de Camille à Contrières

l'enfer du moulin l'enfer du moulin la roue la roue l'arrivée d'eau et la roue