Les moulins, une énergie du passé toujours utile en 2012.

posté le 11/04/2012 à 14h54 par alain Ajouter un commentaire

Propriété d'André Balleydier (à droite), le moulin de Goulet existe depuis 1654 aux portes d'Argentan. Pour sa part, Claude Boscher (à gauche) est propriétaire d'un moulin le long de l'Udon à Joué-du-Plain, près d'Ecouché.

Il existe encore plusieurs centaines de moulins en Basse-Normandie. L'association régionale des Amis des moulins (Aram) tiendra son assemblée générale à Vimoutiers, samedi 24 mars.
Les Amis des moulins feront le point sur les derniers épisodes de la « guerre des seuils ». En effet, les seuils (petits barrages permettant d'alimenter les biefs des moulins) ainsi que certains vannages sont mis en cause par une partie des services de l'État qui préconise leur destruction au nom de la restauration de la continuité écologique des rivières. Les seuils seraient-ils responsables de la disparition des poissons dans les rivières ?
« Si les moulins, qui existent pour certains dans notre région depuis un millénaire, avaient porté atteinte à la nature, cela se saurait depuis longtemps ! » rétorquent les Amis des moulins, qui s'interrogent plutôt sur « la collusion entre ce mythe de la continuité et la prévalence de puissants intérêts économiques (laboratoires pharmaceutiques, fabricants d'engrais agricoles) ».
Les crues atténuées
Il y a un siècle, il y avait 100 000 moulins en France (1 500 dans la Manche, autant dans l'Orne et un millier dans le Calvados) et les rivières étaient très poissonneuses. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le nombre de moulins a diminué et en même temps le cheptel piscicole a régressé. Pourtant, la durée annuelle et les modalités de la pêche ont été réglementées pour préserver la ressource.
Au XXIe siècle, il y a encore des moulins, mais les truites sauvages sont rarissimes. Par ailleurs, la créativité a mis au point les élevages en batterie de volailles et de mammifères. « Et si ce cheptel truiticole et agriculture industrielle étaient en évolution inversement proportionnelle ? » se demandent les instances des Moulins de France.
Pour Serge Caprais, président de l'Aram, l'apport des moulins est considérable : « Ils rendent à la rivière l'eau passant par les roues et turbines en l'oxygénant. Ils atténuent les crues en régulant les débits, maintiennent la vie dans les biefs quand ailleurs sur la rivière, les périodes d'étiage la fragilisent. Et ils participent au maintien des nappes phréatiques ».
Autre argument mis en avant par l'Aram, les moulins produisent déjà ou pourront produire de l'électricité en quantité de plus en plus importante. Et sans pollution de l'eau, sans dégradation de l'environnement : ni visuelle, ni sonore, sans réchauffement de l'eau ni de l'atmosphère (pas de rejet de CO2) et sans production de déchets...
Le précédent des haies
Présidente de la Fédération française de sauvegarde des moulins, la Calvadosienne Annie Bouchard sera présente à Vimoutiers. « Dans les années 1970, pour amplifier au-delà du raisonnable le productivisme agricole, on a arraché les haies avec les dommages sur l'environnement que maintenant on reconnaît, rappelle-t-elle. Les haies ont pu être replantées... mais à quel prix ? »
Il ne pourrait en être de même pour les moulins et leurs seuils, acteurs et protecteur du milieu aquatique et de son environnement. « Préservons les seuils pour ne pas à avoir à les reconstruire », répète Annie Bouchard, parcourant la France entière pour soutenir les associations qui défendent les moulins et les rivières, « car les deux sont indissociables ».
Association régionale des Amis des moulins : Serge Caprais, 02 33 58 59 83 ; Annie Bouchard, 02 31 80 57 27.
Reportage Ouest-France mars 2012